25 février 2020
Projection au Carrefour des Cultures Africaines(CCA),
Réalisatrice : Christine Allot-Bouty
Une française, familière d’aides au développement au Burkina, découvre un jour un écrivain oublié et enquête sur lui : c’est le point de départ du travail de Christine Allot-Bouty, qui est venue présenter son documentaire « Dimdolobsom Une mémoire éclipsée » au CCA le vendredi 21 février 2020, à un public varié. Plus de 100 spectateurs africains (Burkinabè, Européens et Asiatiques) étaient présents. Il y avait aussi dans l’audience, Yameogo Eleonore, réalisatrice de plusieurs film dont « le Cimetière des éléphants [1]».
Une avenue à Ouaga, une école et une bibliothèque : c’est à peu près tout ce qui reste du nom de cet écrivain-ethnologue, aujourd’hui oublié. Né en 1897 à Sao, fils du chef Naba, il fait son éducation chez les Pères et est recruté comme fonctionnaire au gouvernement général de la Haute-Volta, position très rare à l’époque pour les « indigènes ». Il écrit deux ouvrages : « L’empire du Mogho-Naba » (1932) et un ouvrage sur la sorcellerie, où il décrit en détail les pratiques des sorciers : « Les secrets des sorciers noirs » (1934). Il se brouille avec son administration, et critique les « Pères blancs ». On peut penser que son ouvrage sur les sorciers ne lui a pas non plus fait des amis…

Toujours est-il qu’il meurt en 1940 dans des conditions mystérieuses. Ses petits-enfants témoignent de leur fierté familiale et des universitaires racontent en quoi il a été un précurseur et concurrence Nazi Boni (1912-1969) comme premier écrivain voltaïque.
Le débat qui s’en est suivi a abordé de nombreuses questions soulevées par le film : Comment l’auteure du film a-t’elle pu accéder à ses sources ? Cet écrivain n’a-t-il pas souffert de ses appartenances multiples (africain « éduqué », fonctionnaire, intellectuel) ? pourquoi un tel oubli ? Pourquoi ses œuvres sont-elles indisponibles en Afrique ?
Une magnifique découverte en tous cas, qui provoque une réflexion sur la nécessaire redécouverte par l’Afrique de son propre patrimoine intellectuel.

[1] Distinction, Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou – FESPACO 2019